La political ecology comme la géographie francophone étudient les processus mutuellement constitutifs de mise en ressource de l’eau et de façonnage de l’idée même d’Etat. Pour cela, beaucoup de recherches étudient les dynamiques de domination et de résistance à l’œuvre lors de projets contestés. Cet article montre qu’une approche par la matérialité de l’irrigation peut leur être complémentaire en révélant les relations de pouvoir moins visibles de la politique du quotidien. Partir des pratiques autour des objets techniques – ici des réservoirs de barrages collinaires en Turquie – permet d’analyser ensemble les processus de territorialisation et le façonnage des relations Etat-société. La territorialisation est abordée ici comme pouvant être à la fois stratégique et relationnelle et les territoires irrigués peuvent alors être lus comme des espaces de coproduction de l’action publique.