Nul doute que l’étude des carnavals, la carnavalogie1, prend le chemin méthodologique du « cas par cas »2. Chaque costume et chaque masque met en lumière son véritable sens qu’au regard de sa contextualisation. Issu d’un phénomène social total, le costume carnavalesque ne peut s’étudier sans la prise en compte de son caractère sociologique, historique, anthropologique, ethnographique et de son caractère esthétique3. Cependant, est-il possible par le biais d’une étude comparatiste, englobant les carnavals européens, les carnavals issus du fait colonial et les carnavals liés à la mondialisation, de chercher à répondre à cette question : pourquoi se travestit-on au sein des fêtes carnavalesques ? « Vaste sujet, vaste question et bien prétentieuse celle qui croit y répondre » me diriez-vous. Ce présent article tente d’émettre des hypothèses, et n’affirme rien, sur notre penchant à nous métamorphoser en période de fête carnavalesque. Nous verrons ainsi, de prime abord, ce besoin de mieux s’aimer, de se valoriser, d’élargir notre estime de soi qui s’exprime pleinement dans la transformation carnavalesque. Dans un deuxième temps, nous tâcherons de comprendre le besoin de se compléter en devenant autre : un autre venu d’ailleurs, proche ou lointain et un autre en miroir, le reflet de nos aspirations, nos fantasmes et nos douleurs les plus profondes. Puis, il s’agit de se métamorphoser pour mieux s’oublier. L’anonymat est dans certaines fêtes carnavalesques un élément essentiel du costume. Enfin, sans conteste, beaucoup de costumes carnavalesques, par le biais de la dérision et du grotesque, cherchent à dénoncer, contester, revendiquer. Le costume devient un espace politique ou du politique et met en lumière notre besoin d’utopisation du monde, notre désir au changement.