Le générique de début du film d'animation des studios Pixar/Walt Disney Monstres et compagnie (Pete Docter, 2001) se distingue étrangement du reste du film tant par son graphisme que par sa musique. Renvoyant aux dessins animés jazzistiques des années 50-60 de Friz Freleng, ce générique met en avant la relation étroite qui lie le jazz avec la folie des corps qui voguent entre dislocation et reconstruction. Ici les spectatrices et spectateurs se confrontent à un ballet de portes parfois bleues, parfois roses, parfois dans les tons orangés qui laissent entrevoir bras, œil et dents de monstres. Le jazz semble alors permettre par le biais de la danse de music-hall le passage entre un monde et un autre, entre l'humanisation des portes et la monstruosité de leur contenus. Les portes et les monstres jouent alors avec les noms qui traversent le générique parfois en les écrivant parfois en les dévorant parfois en les recrachant. L'identité se disloque ainsi et se reconstruit au milieu de corps anthropomorphiques, de portes et d'animaux-monstres personnifiés.