L’objectif de cette étude est de mieux cerner les conséquences des variations relatives du niveau marin sur la transformation des paysages littoraux et leurs implications sur les sociétés humaines, en nous intéressant aux Pays de la Loire. Une première estimation de la remontée du niveau marin relatif est proposée sur les deux derniers millénaires à partir de quarante points de référence marine issus de la bibliographie. Trois phases principales sont mises en évidence à plusieurs échelles temporelles : i) la hausse récente du niveau marin liée au réchauffement climatique actuel, évaluée à env. + 0.2 m depuis 200 ans ; ii) la phase finale de la transgression marine holocène, caractérisée par une élévation du niveau marin de + 1.8 m depuis 2 000 ans ; iii) une possible oscillation entre 1200 et 1700 AD, attribuable à une phase tempétueuse intense. Cependant, la donnée est encore lacunaire en Pays de la Loire, et la reconstitution est complexe car les côtes ligériennes sont macrotidales. Une définition de l’évolution des paysages retro-littoraux est mise à l’épreuve par l’analyse de cartes anciennes et de 35 carottes sédimentaires prélevées, pour détecter de nouveaux niveaux marins historiques. Une première étude montre de profondes mutations de l’évolution du paysage du Marais poitevin occidental au cours des derniers millénaires. En Baie de Bourgneuf, la modification du trait de côte et du paysage des marais rétro-littoraux est également évaluée à partir de données sédimentologiques, biologiques, archéologiques et historiques. Selon les cartes d’époque moderne, l’environnement des ports du Bec et du Collet correspondait à un bras de mer entourant l’ancienne île de Bouin, aujourd’hui continentalisée. Sur l’estran, une occupation humaine estimée au Néolithique moyen a récemment été exhumée à 1 km au large du trait de côte actuel. Ces nouvelles données viennent préciser la reconstitution des variations relatives du niveau marin au cours des derniers milliers d'années.