En Europe, les « années 68 » voient l’émergence de nouvelles formations politiques, de nouvelles revendications, et d’un intense débat au sein de la gauche, phénomène qui révèle ou annonce un renouveau de l’action révolutionnaire. C’est le cas, par exemple, du Movimiento Ibérico de Liberación en Espagne. En Amérique latine, l’échec de la stratégie « foquista » énoncée par le Che Guevara et l’éradication du mouvement guérillero mixte de Marighella, laissent place au développement de la guérilla urbaine, notamment de celle menée par le Mouvement de Libération Nationale-Tupamaro. C’est parce que l’état d’avancement du capitalisme de l’Uruguay semble analogue à celui de certains pays européens, parce que l’action des Tupamaros n’est pas directement orientée vers une prise du pouvoir, parce qu’au travers d’un usage sélectif de la terreur leur lutte vise à montrer les failles du système, que cette référence a pu être considérée par les révolutionnaires européens. Cet article se donne pour but d’analyser, à travers l’exemple du Movimiento Ibérico de Liberación, dans quelle mesure les luttes développées par les guérillas en Amérique latine inspirent, influencent et motivent le renouveau de l’activité révolutionnaire en Europe. Puis, de façon plus diachronique, il s’agira d’examiner l’évolution de la conception de la révolution qui s’esquisse dans le post-68.