À la suite de la pandémie de la COVID-19, les enseignants ont dû rapidement s’adapter au nouveau contexte pédagogique (Carignan et al., 2021). Ainsi, l’outil de visioconférence est apparu comme essentiel pour permettre la continuité pédagogique (Kubiszewski et al., 2021). Bien qu’une majorité des collégiens affirmaient, dans une enquête réalisée en 2021 (Florin et al., 2021), avoir une qualité de vie scolaire meilleure au collège par rapport à leur vécu à domicile, il semble nécessaire d’étudier la modalité de Classe Virtuelle (CV) proposée aux élèves. Le nouveau paradigme pédagogique s’est donc fait au moyen d’enseignement médiatisé par les outils numériques (Boudokhane-Lima et al., 2021). L’ambition de la CV, notamment en plus de l’ENT, était avant tout de permettre aux élèves de maintenir un lien (social plus que pédagogique parfois) avec leur établissement scolaire et leurs enseignants. L’objectif de cette communication est de discuter des possibles de la CV pour engager davantage les élèves dans les apprentissages, et ce notamment au cours de la période d’enseignement à distance contrainte par le contexte sanitaire en avril 2021. La question est alors de savoir si la CV peut devenir une méthode pédagogique permettant une nouvelle forme scolaire (Mercier & Lefer Sauvage, 2021) pour faciliter l’inclusion des élèves avec des Besoins Educatifs Spécifiques (BES ; Labrell, 2021) en difficulté d’apprentissage. La CV est menée par une enseignante ayant une expérience de 20 ans au sein de l’Education Nationale, mais qui est peu familière à l’outil de visio-conférence. Elle propose, dans le cadre de sa séance, une CV avec ses 21 élèves pour faire un point de régulation sur les exercices à faire à domicile. Quelques élèves se sont connectés à la CV et ont participé dans la mesure de leurs possibles. La CV a été menée et enregistrée par l’enseignante de la classe. Une analyse de la vidéo a été réalisée par le chercheur accompagnant le réseau prioritaire avec un outil de codage ELAN®. L’ensemble des données permettent de mettre en avant des profils de participants différents avec leurs particularités en étudiant les prises de parole et les interactions hors champ (via les réseaux sociaux). Ce qui est notable dans les résultats, c’est la présence de trois élèves dits en décrochage scolaire qui notifient leur présence à distance (Jézégou, 2010 ; « présence distante » parfois) dans un style qui leur est propre. La CV, en plus d’être un outil au service de la continuité pédagogique, semble être une modalité intéressante pour les élèves qui construisent leur rôle d’élève en classe bien qu’elle puisse demander plus de travail à l’enseignant (Carignan et al., 2021). Est-ce que la forme scolaire peut envisager une comodalité pour favoriser l’engagement des élèves les plus en difficulté ? La CV permet-elle d’accueillir davantage les BES des élèves ? Ce « no man's land pédagogique » à distance des règles de gestion de classe en présentiel laisse-t-il plus de place aux besoins des élèves ? Notons que certains CPE ou principaux de collège ont parfois fait mention d’élève en décrochage qui retrouvaient le gout pour l’école grâce au passage à distance. Les analyses sont croisés au regard des travaux de Gadille et al, 2021 autour des notions de "lieu-sur" (safe house) et de "maison-peau".