Le rapport sur le futur du travail du World Economic Forum de 2018 évoque l’urgence de la montée en compétences de l’ensemble des employés afin de faire face à un monde de plus en plus digitalisé. Les employés disposant d’une base générale de compétences digitales auraient de meilleures chances de saisir les nouvelles opportunités d’emplois découlant des progrès technologiques. Au contraire, un manque de compétences digitales est un problème pour les industries et les nations (Digital skills crisis report, 2016). Comment pouvons-nous par conséquent, développer l’intelligence digitale des employés d’une multinationale industrielle ? L’intelligence digitale se définit tel « un ensemble de compétences techniques, cognitives, meta-cognitives et socio-emotionnelles fondées sur des valeurs morales universelles qui permettent aux individus de faire face aux défis de la vie digitale et de s'adapter à ses exigences. Ainsi, les individus dotés d'une intelligence digitale deviennent des citoyens digitaux avisés, compétents, et préparés pour le futur, qui utilisent, contrôlent, et créent des technologies avec succès pour améliorer l'humanité. » Dans notre société de plus en plus orientée vers la technologie, ces compétences digitales sont devenues des exigences fondamentales pour se préparer à l’avenir et s’adapter au marché du travail. Dans cet article, nous montrons dans quel mesure le cadre théorique de la sociologie de la traduction (Callon, 1986) et la théorie de l’acteur-réseau (Akrich et al., 2006 ; Missonier, 2008) permettent de réaliser le diagnostic de l’intelligence digitale d’une entreprise. Nous avons eu pour cela l’opportunité d’intégrer les rangs d’une multinationale industrielle dans le cadre d’une thèse CIFRE menée en Recherche-Action, initiée en mai 2021 pour une durée de 3 ans.