La flore de l’Éocène supérieur de Célas (Bassin d’Alès, France) a été étudiée d’un point de vue taxonomique et paléoclimatique. Ici, la taphonomie et la paléoécologie de ces plantes fossiles sont analysées. La localité historique de Célas n’est malheureusement plus accessible mais de nouveaux restes ont été retrouvés dans trois affleurements proches, qui apportent des précisions sur les paléoenvironnements des végétaux fossiles :1) Saint-Hyppolite-de-Caton montre des intercalations de marnes et de calcaires correspondant à une bordure de lac. Cet affleurement est dominé par des écailles de cônes et des pousses bien articulées de Doliostrobus, des pinnules de Pteris, des rhizomes de Nymphaea et des tiges de plantes hélophytes. On trouve également des feuilles entières de Comptonia schrankii, Salix et/ou Myrica. Les données taphonomiques suggèrent que les restes de Doliostrobus, de Nymphaea et des tiges de plantes hélophytes se sont déposés pratiquement sans transport au sein d’une ceinture palustre du lac. Sur les berges de cette ceinture se développaient Myrica ou Salix, Pteris et Comptonia schrankii, formant une végétation riveraine. 2) Le site de Saint-Jean-de-Ceyrargues montre des couches tabulaires de grès avec des stratifications entrecroisées et ripple-marks interprétés comme des dépôts d’embouchure d’un delta lacustre. Il contient d’abondantes feuilles entières mais aussi déchirées de Daphnogene et Laurophyllum, des costae déchirées de palmier, des feuilles entières de «Ficus» et des plantes hélophytes. Les feuilles entières de «Ficus», Daphnogene, Laurophyllum et des plantes hélophytes seraient tombées et déposées directement au bord du lac, tandis que les feuilles brisées de Daphnogene, Laurophyllum et les restes de palmier indiquent un transport fluviatile, suggérant qu’elles ont poussé en ammont, sur les berges d’une rivière. 3) Les affleurements de Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avéjan sont formés de marnes bitumineuses et calcaires argileux qui représentent des dépôts plus profonds de lac. Ce faciès est composé de rameaux désarticulés et d’écailles isolées de Doliostrobus, feuilles dechirées, rhizomes isolés et feuilles cassées de Nymphaea. La fragmentation significative des restes indique un long transport fluviatile suivi d’un période de flottaison dans le lac avant l’enfouissement. Par comparaison, la localité contemporaine de Sarral, en Bassin de l’Ebre, montre une ceinture palustre moins développée, sans Doliostrobus. La végétation riveraine présente certaines espèces communes (e.g. C. schranckii), et aussi des lauracées, myricacées et salicacées mais l’absence de fougères. Ces différences peuvent être liées aux conditions paléoclimatiques, beaucoup plus arides dans la localité catalane.