Pour les chercheurs en robotique, la nature constitue une source d'inspiration privilégiée. L’imitation est perçue comme un moyen de résoudre certains aspects du vaste ensemble de problèmes qui touchent à l’autonomie de leurs machines. L'intérêt des ingénieurs pour la nature n'est en réalité pas aussi récent qu'on pourrait l'imaginer. Celui-ci apparaît avec la création des premiers automates et prend forme autour de la simulation de fonctions naturelles. En constituant une manifestation en actes de ces fonctions, l'automate nous invite à le confondre avec l'organisme qu'il simule tout en reposant les problèmes liés à l'imitation de la nature. Les automates, comme les robots, véhiculent ainsi une certaine ambiguïté. Et l'on peut se demander comment ces savants assemblages participent d'une histoire naturelle qui nous engage à nous assembler à notre tour autour des problèmes qu'ils soulèvent. À partir d'une enquête menée au plus près de l'activité des roboticiens, croisant observation participante et expérimentation, nous chercherons à comprendre comment les robots mettent en jeu des connaissances sur les organismes dont ils empruntent partiellement les formes et les fonctions. Nous détaillerons les conditions de ce jeu et tenterons de voir en quoi il renouvelle les cadres de nos relations envers la nature.