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Communication Dans Un Congrès Année : 2014

La naissance du « Jap »

Résumé

Tout au long de l’engagement américain dans la seconde guerre mondiale, l’accent fut mis sur la communication, faisant de cette guerre plus que de toute autre auparavant une véritable guerre d’images. Chapeautée à partir de juin 1942 par l’Office of War Information (OWI), chargée de centraliser les missions jusque là dispersée entre différentes agences, la propagande à destination de l’ensemble de la population américaine se voulait aussi exhaustive que possible en terme de thématiques. Parmi les sujets développés, l’image donnée des différentes puissances ennemies avait fait l’objet d’un certain nombre de consignes cohérentes destinées à appuyer la conception qui était celle de Roosevelt : la nature de l’Ennemi était avant tout idéologique, en conséquence de quoi la vindicte populaire devait être dirigée contre les régimes militaristes et liberticides de l’Axe et non contre les peuples. Mais si l’agence avait le pouvoir d’édicter les consignes supposées encadrer les messages à véhiculer auprès du grand public, dans les faits, la plupart des supports véhiculant ces messages émanaient in fine d’entreprises privées et non d’agences gouvernementales, laissant en fin de compte une certaine marge de manœuvre et d’appréciation aux ultimes maillons de la chaîne. Sur l’ensemble des thèmes abordés, les libertés prises vis-à-vis des recommandations officielles furent très marginales, mais un aspect particulier concentra nombre de contrastes, donnant même parfois l’impression au final d’une capitulation forcée de l’OWI et de la ligne présidentielle face à une véritable déferlante raciste: il s’agissait de la représentation du Japon et des Japonais. Si les consignes officielles ne faisaient guère de distinction entre la façon dont devait être traitée chaque puissance ennemie, la mise en pratique fut en réalité bien différente. Tandis que caricaturistes et scénaristes s’évertuaient à centrer consciencieusement leurs attaques sur les idéologies nazie et fasciste plutôt que sur les identités nationales allemande et italienne, une certaine confusion naquit très rapidement concernant l’empire du soleil levant. En effet, si l’ennemi ne devait théoriquement pas être le peuple japonais mais l’impérialisme et le militarisme nippons, le contraste entre ces deux termes ne fit en réalité jamais recette, et caricatures, films et affiches attaquèrent bientôt un stéréotype nettement plus ambigu et mêlant inextricablement idéologie et identités ethnique et culturelle : dans l’esprit collectif américain, le « Jap » était né. Toutefois, si ces attaques s’inscrivaient dans le contexte de la guerre en cours, la forme prise par ces attaques s’inscrivait le plus souvent dans la continuité de la déjà longue tradition du cliché raciste aux Etats-Unis, ne faisant que perpétuer tout en les mettant au goût du jour un certain nombre de stéréotypes préexistants de longue date pour dresser de cet ennemi à part un portrait peu flatteur tant sur le plan physique que moral.

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Citer

Guillaume Mouleux. La naissance du « Jap » : Origines, manifestations et enjeux d’un cliché raciste dans l’Amérique des années 40. « I am a cliché » : types, stéréotypes, identités, Université Paris Diderot - Paris 7 - ED131, Mar 2014, Paris, France. ⟨hal-03691128⟩
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