Les pratiques contemporaines en santé se sont largement complexifiées. Aux aspects économiques (allocation des ressources, coûts exponentiels de la santé), juridiques (renforcement des droits du patient), organisationnels (réformes du système de santé) ou encore techniques (progrès technoscientifiques) qui impactent les pratiques en santé, s’ajoute une évolution majeure des situations de soins. Ces dernières sont marquées par une recrudescence des pathologies chroniques et plurielles liées entre autre au contexte de vieillissement, mais aussi par l’augmentation des états de dépendance et des situations de handicap. De ces situations de soin émergent de nouvelles problématiques liées à la fragilité et à la vulnérabilité des personnes qui appellent à repenser les modalités d’intervention auprès des patients. En effet, une prise en charge adaptée à la situation singulière de chaque patient nécessite non seulement une approche globale (biopsychosociale) – et donc l’intervention de différents types de professionnels – mais aussi la participation plus effective de chaque patient à la construction d’un projet de soins davantage respectueux de son autonomie et de son projet de vie. Une nouvelle demande d’éthique semble ainsi émerger. Mobiliser la réflexion éthique pour produire un discours moral sur les pratiques semble désormais insuffisant. L’éthique est plutôt appelée à devenir une ressource d’action, une « compétence », que les professionnels doivent intégrer à leurs pratiques pour développer un agir plus critique et plus réflexif dans une visée d’empowerment des patients, autrement dit d’implication de ces derniers comme acteurs des soins…