La limite Éocène-Oligocène représente l'un des changements climatiques les plus importants du Cénozoïque. Au cours des dernières années, les localités paléobotaniques qui encadrent ce bouleversement environnemental ont suscité un intérêt croissant car elles permettent de caractériser quantitativement ce changement climatique. Le site rupélien de Bois d'Asson (Bassin de Manosque, Sud-Est de la France) est bien connu depuis le XIXème siècle pour la préservation exceptionnelle et l’abondance des fossiles de feuilles. Une partie de cette collection conservée à Paris a fait l’objet de nombreuses études taxinomiques notamment par Gaston De Saporta. Les ensembles floristiques comprennent des espèces paléotropicales, avec notamment des Lauraceae et des Salicaceae, mais également des espèces arctotertiaires comme des Betulaceae, certaines Fagaceae et Rhamnaceae. Dans cette étude, les 99 morphotaxons de la collection ont été analysés en utilisant la méthode CLAMP (Climate Leaf Analysis Multivariate Program) afin de reconstruire le paléoclimat du Bassin de Manosque. Les résultats indiquent que les plantes auraient évolué dans un climat froid (avec des températures pour les trois mois les plus froids proches de 0°C), humide (précipitations élevées) et à saisonnalité marquée, ce qui contraste avec les résultats climatiques attendus pour cette zone paléogéographique (températures élevées et aridité marquée). Une nouvelle campagne de fouilles en mars 2022 a permis de préciser la localisation des niveaux fossilifères, la technique de récolte et de tri des échantillons. L’étude combinée de la sédimentologie et de la taphonomie a montré que l’ensemble floristique de la collection patrimoniale est issu de différents faciès qui représentent un même environnement. Les résultats inattendus pourraient ainsi être dus à la composition particulière des communautés végétales et aux limites de la calibration de la méthode CLAMP.