Les spores bactériennes sont des formes dormantes de certaines bactéries leurs permettant de résister à des conditions défavorables de sécheresse, de température ou de manque de nutriments. Les spores sont également fortement résistantes à de nombreux agents chimiques et physiques parmi lesquels le rayonnement ultraviolet (UV). Il est connu depuis plusieurs décennies que la photochimie de l’ADN est très spécifique dans les spores du fait du faible contenu en eau, de la présence de dipicolinate et de la complexation sur l’ADN de grande quantité de petite protéines acido-solubles. L’ensemble de ces propriétés induisent des changements conformationnels qui modifient la photochimie (1). Ainsi, au lieu des dimères de pyrimidine rencontrés dans tous les autres types cellulaires, c’est un type particuler de dommage qui se forme : la 5-(-thyminyle)-5,6-dihydrothymine (voir figure). Ce composé est si spécifique qu’il a pris le nom de photoproduit des spores (SP). La mise au point d’une méthode de quantification de SP par HPLC-spectrométrie de masse (2) évitant le recours au marquage radioactif a permis à notre équipe de participer à l’étude des particularités des spores expliquant la photochimie de leur ADN (3, 4). Nous nous sommes aussi intéressés à la réparation de SP. Celle-ci a lieu lors de la germination et implique une enzyme radical-SAM, la SP-lyase (5, 6). En collaboration avec nos collègues biochimistes, nous avons pu élucider certaines étapes du mécanisme enzymatique radicalaire. Enfin, ces travaux sur SP nous ont permis de nous impliquer en exobiologie avec des expériences sur la station spatiale internationale (7) ou avec des rayonnements UV de haute énergie (8). La présentation fera un bilan de ces différentes activités pour mettre en avant l’extraordinaire photorésistance des spores.