Dans les espaces naturels protégés, la gestion du vivant s’opère le plus souvent de manière positive, à travers la protection des habitats ou des ressources, mais elle peut également s’opérer de manière négative, à travers l’élimination d’espèces susceptibles de nuire à la biodiversité locale. Ces actions s’inscrivent dans un cadre éthique écocentré, où priment les conséquences pour les populations ou les espèces, voire les écosystèmes. Parallèlement, s’est développée dans la société civile un mouvement de plus en plus puissant et visible de protection des animaux, basé sur une éthique biocentrée, visant à considérer tout animal, et plus particulièrement les animaux sensibles, comme des êtres méritant l’attention des humains, leur bientraitance, et à tout le moins auxquels il faut éviter toute forme de souffrance. La protection de l’environnement et la protection des animaux se rejoignent lorsqu’il s’agit de considérer les animaux endémiques ou indigènes, mais entrent en opposition pour les prédateurs et rongeurs introduits, qui constituent une menace pour la biodiversité locale. L’objectif de protection de l’environnement, qui implique de contrôler, voire d’éradiquer ces prédateurs et rongeurs, se heurte alors à l’objectif de protection des animaux, particulièrement lorsqu’il s’agit d’espèces sensibles comme les mammifères. L’espèce qui nous intéresse ici, le chat domestique Felics catus cumule un fort potentiel de nuisance pour la biodiversité et un fort attachement affectif de la part de la population. De plus, il a longtemps été géré uniquement dans les espaces urbains, dans un objectif de réduction des nuisances basé sur une éthique purement anthropocentrée. Cet exemple permet d’illustrer comment l’articulation entre protection de la nature, protection des animaux et acceptabilité sociale implique de prendre en compte la pluralité des éthiques environnementales, à travers des innovations méthodologiques, sociétales et juridique.