Cette communication s’intéresse au repérage de quelques caractéristiques de l’atelier professionnel des designers et vise à montrer le rôle performatif qu’il peut prendre comme modèle dans la formation des étudiants en design, plus particulièrement en ce qui concerne la didactique de la conception. L’atelier professionnel prend différentes formes historiques en tant que cadre de l’activité des designers et conséquemment influence et façonne les processus de conception et de fabrication : au XIXe siècle, il est le lieu propice à la production artisanale comme le souligne William Morris ; pour Jean Prouvé au siècle dernier, c’est d’abord le lieu potentiel de réalisation du prototype ; aujourd’hui il se présente parfois comme un fablab, espace collaboratif qui propose des alternatives à la production industrielle. L’hétérogénéité de ces formes d’existence à travers l’histoire du design, rend compte des évolutions théoriques et conceptuelles dans la manière de faire le projet. Lieu d’échanges, d’expérimentations et de collaborations pragmatiques entre designers, mais aussi désormais espace possible de co-création avec les usagers, il révèle les postures et engagements dans la création au carrefour des champs artistiques et socio-économiques. Comment cet environnement professionnel est-il appréhendé dans la formation des designers ? Peut-on identifier des caractéristiques transposables en situation de formation ? Des recherches en didactique de la création tendent à montrer l’intérêt de mettre l’étudiant en posture de concepteur. L’atelier est par excellence l’espace où le praticien se consacre à des expérimentations, des réalisations à l’état d’ébauche ou à des propositions plus abouties qu’il conjugue avec des moments de réflexions. Cela prend la forme de ce que nous nommons un dispositif, arrangement original dans l’espace et dans le temps de caractéristiques propres au déroulement du processus de conception. Celui-ci suit des règles qui l’encadrent et l’organisent et que l’on s’efforcera de décrire. Notre hypothèse est que la qualité du résultat dépend plus des particularités de ces caractéristiques et de ces règles que de la simple existence du mode atelier. En nous appuyant sur l’observation, la description et l’analyse de situations pédagogiques se déroulant en licence design à l’Université de Nîmes, nous étudions un atelier organisé notamment sous la forme du temps court (workshop) dans un contexte universitaire. Ce dispositif organise les paramètres spécifiques à l’apprentissage de la démarche de projet qui est abordé comme un des moyens de favoriser l’émergence d’une compétence de concepteur en design. Les formes du dispositif d’atelier feront l’objet d’une comparaison entre le contexte du monde professionnel et celui de la formation. On s’interroge ainsi sur les similitudes et les différences entre les dimensions spatiales (situations mais aussi sites), le cadre temporel (envisagé en diachronie et synchronie dans sa relation au lieu), la division du travail (organisation, types de tâches, leadership), le rapport à la technique (communication et production). Nous produisons un bilan des déterminants opérants comme contraintes et ressources dans le dispositif dans la perspective d’identifier des formes d’atelier plus susceptibles de permettre l’émergence de dispositions à la création chez les étudiants. La dynamique éducative ainsi constatée, plaide pour la qualité heuristique du dispositif atelier qui remet en question les modèles traditionnels de la communication pédagogique.