La question de la diversité se situe au cœur des problématiques actuelles de management. Bien plus qu’un simple effet de mode, elle participe d’une préoccupation des organisations de satisfaire une obligation légale. Le glissement sémantique de la notion de non-discrimination à la notion de management de la diversité marque également la volonté de faire de celle-ci une occasion de pratiques managériales positives. Il est toutefois permis de s’interroger sur les effets d’une « gestion des différences » en termes de stigmatisation de certaines catégories sociales. C’est sur ce dernier point que nous proposons d’apporter un éclairage à la lumière de la pensée de Georg Simmel. Dans sa Sociologie, Simmel propose une analogie entre le pauvre et l’étranger qui se situent « à la fois dans la socialisation et en dehors d’elle ». La mobilisation des travaux de Simmel nous permettra de formuler quelques réserves sur l’illusion que pourrait constituer la mise en place d’une instrumentation de gestion concernant la diversité. En la matière, le simple respect d’une obligation, fût-elle légale, n’évitera pas la stigmatisation de catégories sociales, bien au contraire. Ce serait plutôt le regard porté sur l’autre qu’il faudrait véritablement changer. Cela nous paraît d’autant plus nécessaire dans la société mondialisée qui est la nôtre, que chacun peut être amené à devenir un « étranger » pour l’autre.