L'oued Bouskoura a été enterré par les diverses opérations d’urbanisme colonial du vingtième siècle qu’a prolongé le développement urbain accéléré de Casablanca depuis les années 1980. En se saisissant de la réalité territoriale, des singularités sociales, géographiques, environnementales de la ville et de ses bords, Abderrahman Doukkane et Matthieu Duperrex ont engagé à leur manière un dialogue avec les populations et les paysages qui la composent. La description documentaire de l’oued Bouskoura emploie parfois les outils de l’anthropologie environnementale et de l’écologie historique. Mais observations et collecte de récits n’ont pas seulement vocation à constituer une mémoire à archiver. Il s’agit pour les deux auteurs de « lester » une esthétique du conflit environnemental et d’ouvrir une réflexion plastique sur les attachements au sol.