À l’heure de l’urgence écologique et des crises induites par la pandémie de covid-19, il apparaît nécessaire d’entreprendre une analyse réflexive sur une profession qui marqua profondément le monde depuis son institutionnalisation : l’ingénierie. Fers de lance de la modernité, les ingénieur.e.s furent décisifs dans le processus de domestication et d’exploitation de la nature dont on mesure aujourd’hui les conséquences environnementales et sanitaires. Dès la fin du XXe siècle se manifeste toutefois, au sein de ce corps spécifique, une série de transformations substantielles d’ordre éducatif, économique et identitaire qui se traduit parfois par un sentiment de perte de sens, voire d'aliénation. Les scenarii catastrophiques modélisés par les institutions scientifiques composent quant à eux de nouveaux défis et suscitent autant d’inquiétude que d’espoir. Face à une situation profondément alarmante, les métiers de l’ingénieur se doivent d’interroger leurs rapports entretenus à l’égard de l’écologie, de la démocratie et des sciences afin de trouver leur(s) place(s) dans la transition en cours. Et si l'engagement social, écologique et politique des ingénieur·e.s constituait une étape clef dans l'appréhension et la résolution de ces enjeux caractéristiques du XXIe siècle ?