Les unions locales constituent un maillon central de la stratégie de « redéploiement » de la CGT dans les déserts syndicaux. À partir d’une recherche ethnographique menée dans une UL de banlieue parisienne, ce chapitre interroge la manière dont les militants de l’union locale participent à la socialisation des adhérents « isolés », c’est-à-dire les syndiqués qui sont les seuls adhérents cégétistes de leur établissement. Les militants de l’UL tentent d’infléchir les catégories de pensée et d’action de ces derniers, afin de les mettre en conformité avec les principes d’action défendus par la CGT. L’effort de socialisation militante est donc indissociable d’une tentative d’intégration des adhérents à l’organisation. Toutefois, les militants de l’UL peinent parfois à infléchir les pratiques des adhérents « isolés ». Les difficultés qu’ils rencontrent tiennent notamment à des enjeux organisationnels : parents pauvres de la CGT, les unions locales ne disposent pas des leviers pour remplir pleinement leurs missions de développement syndical.