La mise en place des pôles de recherche et d’enseignement supérieur s’intègre dans les profondes réformes que connaît, depuis une quinzaine d’années, le système d’enseignement supérieur et de recherche français. La mise en place des contrats quadriennaux, l’implication accrue des collectivités locales et la montée en puissance de l’échelon européen ont écorné son caractère étatique, sectoriel et centralisé. Ces tendances sont cependant encore fragiles : la création des PRES est une étape décisive dans leur consolidation. Elle peut, entre autres, permettre de renforcer la « territorialisation » du système d’enseignement supérieur français. Par cette notion, deux dynamiques sont désignées : d’une part, un renforcement de la place des élus locaux dans la négociation des politiques d’enseignement supérieur et de recherche ; d’autre part, une redéfinition des frontières et des modalités d’intervention. En mobilisant 52 entretiens et un dépouillement des sources écrites disponibles sur le sujet, l’étude questionne ces tendances. Elle procède en deux temps. Dans un premier, elle analyse la création de quatre PRES représentatifs des structures créées sur le territoire national (Aix Marseille Université, UniverSud Paris, Université européenne de Bretagne, et le cas de Poitou-Charentes, Limousin, Centre). Dans un second temps, elle compare ces quatre cas aux autres PRES pour isoler les logiques à l’œuvre et dégager des scénarii d’évolution possibles.