Les zombies sont-ils des figures comiques, et quelle est la portée de ce qu'on pourrait appeler le « comique zombie » ? Notre interrogation portera sur les potentialités comiques de cette figure, le zombie, que l'on envisage en général plutôt sous l'angle de l'horrifique ou du répulsif. Une interprétation superficielle pourrait considérer que, dès qu'il devient comique, le zombie perd sa dimension inquiétante. Or loin d'édulcorer la figure du zombie, de la rendre plus rassurante, son caractère comique vient renforcer son potentiel subversif, notamment par le biais d'un rire carnavalesque reposant sur la corporalité (Mikhaïl Bakhtine 1978 : 458). Comme le rappelle Kim Paffenroth 1 , « contrairement à d'autres monstres, les zombies n'ont pas besoin d'un interlude comique séparé, par exemple un second rôle comique, à leurs côtés : (...) ils sont leur propre interlude comique. ». (2006 : 14) Cette dimension fondamentalement comique peut être rattachée à l'origine des zombies dans la culture populaire et, en particulier, aux bandes-dessinées. (Chemartin 1995 :X) Présente en amont de La Nuit des Morts Vivants , cette dimension subversive va cependant prendre toute sa portée avec la figure du zombie telle que Romero l'a réinventée en 1968. Par contraste avec d'autres figures voisines, le fantôme et le vampire, le zombie, tel que le redéfinit Romero, se singularise par l'accentuation d'une corporalité grotesque (c'est à dire, au sens défini par Bakhtine, vulgaire, sécrétante, suintante, répugnante), là où le corps des vampires, est en général représenté comme plus éthéré, notamment dans ses incarnations cinématographiques. Enfin, le statut d'entre deux, en équilibre instable entre deux états, est également plus présent pour le zombie, et souvent matière à usage comique.