La réalité virtuelle, depuis l’introduction de casques grand public à partir de 2016, connait une croissance et un attrait grandissant. Les applications de cette technologie sont multiples (formation, traitements thérapeutiques, divertissement, etc.)(Riva 2005; Kim 2016; Lee et al. 2020), et la médiation culturelle a connu quelques grands succès, a l’instar de Mona Lisa : Beyond The Glass. La spécificité de la Réalité Virtuelle est qu’elle propose une immersion sonore et visuelle quasi-complète de l’utilisateur. La réalité virtuelle s’appuie fortement sur la sensation de présence (Huang, Alessi 1999; Sherman, Craig 2019), activée par des indications audio et visuelles de l’espace simulé et fortement liée à la dimension émotionnelle de l’expérience en réalité virtuelle (Diemer et al. 2015). Du point de vue de la recherche en design d’expérience, obtenir des retours qualitatifs de l’expérience émotionnelle de l’utilisateur en réalité virtuelle pose un défi. L’utilisateur étant immergé dans un monde virtuel, les possibilités de retour en temps réel sur son expérience vécue sont plus difficiles que, par exemple, pour un téléspectateur d’un programme de télévision. Il est certes possible d’utiliser divers capteurs physiologiques (ECG, EGG, tension électrodermale, etc.) afin d’avoir des retours quantitatifs de son activité, mais ces approches font généralement l’impasse sur la qualité de l’expérience vécue. Le but de cet article est de présenter une approche qualitative visuelle de la récolte de traces de l’expérience d’un utilisateur de réalité virtuelle, selon le protocole suivant : –l’usage du diagramme de Valence-Arousal avant et après l’expérience (de manière à récolter un vecteur de translation émotionnelle) ; –l’enregistrement vidéo synchrone du champ de vision de l’individu tel qu’affiché dans le casque et d’une caméra filmant la personne dans le monde réel ; –l’usage d’un questionnaire de positionnement et d’un questionnaire à chaud, en validation du diagramme de Valence-Arousal. Ce protocole a été mis en place sur un démonstrateur réalisé dans le cadre du projet CPER/FEDER NUMERIC action Architectures de Mémoires par Jean-Marie Dallet, Frédéric Curien et Charles-Alexandre Delestage. Ce démonstrateur consiste en la mise en espace d’une partie du fond Garnaud du Musée du Papier d’Angoulême (composé d’étiquettes de camembert de la seconde moitié du XXe siècle), disposés thématiquement dans des cubes de couleur dans un espace en réalité virtuelle. 22 personnes ont participé à cette enquête . Les premiers résultats de l’analyse croisée des enregistrements vidéo, de l’espace de Valence-Arousal et des questionnaires nous ont permis de mettre en évidence la pertinence l’usage combiné des enregistrements vidéo et du retour émotionnel déclaratif comme méthodes visuelles d’évaluation des expériences en Réalité Virtuelle. Ce type de méthode permettrait un retour qualitatif de ces expériences, potentiellement utile à des opérateurs de la réalité virtuelle pour de la médiation scientifique ou culturelle, afin d’intégrer un retour qualitatif à l’évaluation de ce type d’expériences.