De plus en plus d’individus sont concernés par les effets du vieillissement sur leurs facultés mentales (e.g., déclin de la mémoire) et la crainte de développer une maladie d’Alzheimer. Si leur plainte mnésique est confirmée par des performances de mémoire inférieures à celles de sujets sains de même âge, ces personnes reçoivent le diagnostic de trouble cognitif léger (MCI, Mild Cognitive Impairment), un syndrome qui évolue parfois vers la maladie d’Alzheimer. Toutefois, tous les patients MCI ne développent pas de maladie d’Alzheimer, certains restent stables et d’autres reviennent même à la normale. Un des facteurs explicatifs pourrait être l’effet de menace du stéréotype qui conduirait les patients à produire une contre-performance lors des bilans neuropsychologiques, amenant ainsi, à tort, à un diagnostic de trouble cognitif léger. Plusieurs études en laboratoire ont montré que les stéréotypes négatifs sur le vieillissement (croyances que le vieillissement entraîne inévitablement un déclin cognitif) peuvent perturber le fonctionnement cognitif normal des personnes âgées en bonne santé, les amenant à obtenir des performances en dessous de leurs véritables capacités. Cet effet délétère des stéréotypes sur les performances est connu sous le nom de « menace du stéréotype ». Quelques études seulement ont examiné l’effet de menace du stéréotype sur les performances de personnes âgées à des tests neuropsychologiques classiquement utilisés en clinique, mais uniquement en situation de laboratoire. Cet article présente ces études ainsi que le protocole d’une expérimentation qui vise à tester, pour la première fois, l’effet de menace du stéréotype lors d’un examen neuropsychologique en situation clinique chez des patients venant pour une première consultation mémoire. Les enjeux cliniques d’une telle étude sont discutés.