En prenant comme point de départ le travail réalisé par l'UNESCO pour valoriser le « patrimoine culturel immatériel » de l'humanité nous montrerons comment cette notion initialement qualifiée en 1997 de « patrimoine oral de l'humanité », peut être requalifiée en « matrimoine ». Il s'agira d'en comprendre les raisons, d'en observer les faits à travers les usages et d'en mesurer les conséquences pour ce qui concerne l'Histoire de l'humanité à l'ère du numérique et de l'internet. Cette Histoire nous la qualifierons de « para-Histoire », elle n'est pas le dépassement de l'Histoire supposée être finie, mais sa poursuite par l'amplification de ses promesses démocratiques. De la même façon, le matrimoine n'est pas une négation du patrimoine, mais sa reconsidération à travers les vecteurs de l'immatériel, du féminin et du vernaculaire. Il poursuit le patrimoine avec cette notion d'immatériel propre aux traditions orales et aux transmissions numériques. Ainsi, l'immédiat des médias numériques nous fait redécouvrir l'immédiat des opérations culturelles qui ont cours dans les société dites primitives. Une articulation de pôles apparemment contradictoires est à l'oeuvre qui, de façon dialectique, nous invite à un renouvellement de principes directeurs pour la création et la conservation des productions de l'esprit ainsi que pour la mise en forme de nos sociétés. Des conditions d'exercices doivent être observées pour favoriser un développement durable et éthique de ce qui se fabrique. Nous trouvons déjà la formalisation juridique de ce principe de réalité immatériel avec les logiciels libres et plus généralement avec les oeuvres sous licences libres. Ainsi, la matrice matrimoniale s'inscrit dans un process de création qui observe le souci du commun pour les biens, les services et les personnes.