La critique, comme le sens commun, parlent de plus en plus fréquemment de photographie « poétique », la photographie humaniste étant donnée pour l’un des modèles du genre. À partir de l’œuvre du photographe de rue chilien Sergio Larrain, nous soulevons une série de questions : y aurait-il un type de présence poétique au monde, indépendamment de toute réalisation esthétique, autrement dit une poésie existentielle ? Une réception « poétique » de certains clichés photographiques pris à la légère ne frise-t-elle pas le kitsch ? Peut-on enfin considérer le « poétique » comme un registre intersémiotique, particulièrement apte à tisser un lien empathique entre le créateur et son récepteur, tout en exprimant le versant imagé de la poésie en dehors de la sphère littéraire ?