« La mort des cathédrales, Une conséquence du projet de loi Briand » c’est le titre sous lequel l’article de Marcel Proust paraît dans Le Figaro le 16 août 1904, en pleine discussion autour de la séparation des Églises et de l’État. La Commission des 33 désignée par la Chambre pour étudier les différentes propositions de lois soumises au Parlement, vient à peine de clore ses travaux. Le rapporteur, Aristide Briand a rendu public son projet le 6 juillet 2004 (on l’appellera le projet Briand). Le principe de la séparation, du double fait de la disparition du service public et du budget des cultes, mène selon Proust à la mort des cathédrales, « la France transformée en une grève où de géantes conques ciselées sembleraient échouées, vidées de la vie qui les habita ». Il s’en prend à un article du projet Briand (l’article 14 qui traite de la location des édifices), qui menace, selon lui la continuation de l’affectation au culte des édifices. Il voit la séparation dans sa dimension concrète, physique, comme inscrite dans les pierres. « L’État chez lui, L’Église chez elle ». Il prend au mot la formule. Cette partition se jouerait dans l’enceinte même des cathédrales. Elle signifie pour Proust la fermeture des édifices. Proust, parle des cathédrales « pour donner à ces conséquences du projet Briand leur forme la plus frappante, la plus choquante pour l’esprit du lecteur ». Mais rappelant que « la distinction entre les églises cathédrales et les autres est tout à fait artificielle (…) » il précise que ce qu’il dit des cathédrales « s’applique à toutes les belles églises de France et on sait qu’il y en a des milliers »