La maîtrise d’une langue orale est une tâche multimodale impliquant une perception auditive, kinesthésique et visuelle (gestes visibles de la parole, gestes co-verbaux, notation écrite), ainsi que la production de gestes articulatoires et phonatoires complexes. Selon la théorie motrice de la perception de la parole (Liberman et Mattingly 1985) et celle de la perception par l'action (Schwartz et al. 2012), le langage est appris lorsque le locuteur a non seulement mémorisé les structures linguistiques, mais aussi incorporé les gestes pour produire et percevoir les sons. D'un point de vue applicatif, associer un geste à un mot ou une expression permet de mieux en apprécier le sens, aide les apprenants à les utiliser ensemble dans le contexte approprié, et renforce le processus de mémorisation (Allen 1995). De plus, l'apprentissage des gestes de la langue-culture cible peut être très motivant et amusant pour les élèves (Antes 1996). Cet atelier est une démonstration de l’utilisation auprès d’apprenants du Français Langue Étrangère (FLE) de niveau intermédiaire, d’une approche gestuelle dérivée du graphisme phonétique de Gladic (1982). L’utilisation du mouvement des mains et des doigts est montrée pour corriger la prononciation du [ʁ] français et celle des voyelles antérieures arrondies et nasales françaises, sources de difficultés pour les apprenants : en utilisant l’analogie entre le mouvement (la tension, la vitesse, la direction) des mains et des doigts et les mouvement labiaux, mandibulaires et linguaux, il est possible de corriger la prononciation des sons du français chez les apprenants sans trop d’explications sur l’articulation.