La restructuration des chemins de fer français paraît devenue – depuis une vingtaine d’années – une entreprise continue. Diverses réformes se sont en effet succédées tenant tant à l’économie des chemins de fer et, en particulier, à leur ouverture à la concurrence dans un contexte de libéralisation porté par l’Union européenne, qu’aux modes de gestion des personnels ou à leur système de protection sociale (et notamment de retraite). Sans refaire toute la généalogie de ces réformes – et notamment de la restructuration des chemins de fer autour de deux entités (RFF et la SNCF) à la fin des années 1990 – cette communication propose de décrypter et d’analyser la dernière « réforme ferroviaire » inscrite à l’agenda gouvernemental en 2013 et, à travers elle, comment les parlementaires se représentent le monde des cheminots lorsque la réforme est venue en discussion à l’Assemblée nationale et au Sénat en 2014. C’est donc le passage par le parlement de cette réforme que cette communication se propose de traiter, passage au pas de charge (l’urgence ayant été déclarée par le gouvernement après que celui-ci ait fait réaliser deux rapports externes selon une méthode de la réforme éprouvée depuis 2012) et dans un contexte marqué par le plus important mouvement social des cheminots depuis celui – plus confus – de 2010 (et l’un des plus importants depuis les années 1980). Il s’agira notamment à travers les rapports du Sénat et de l’Assemblée nationale, puis des débats parlementaires, de voir comment, en quels mots, selon quelle méthode, et en prenant appui sur les analyses de quels experts ou de quels acteurs du système ferroviaire, les parlementaires participent à la production la réforme et conçoivent le monde des cheminots et son devenir.