(Introduction) Industrie d’exportation présente sur les marchés européens dès le XVIIIe siècle, la ganterie grenobloise compte, au XIXe siècle, l’Angleterre parmi ses principaux clients. La période révolutionnaire puis les guerres napoléoniennes ont fortement perturbé le commerce extérieur français en général et celui des produits de luxe dont la ganterie fait partie. Durant les périodes de fermeture du marché anglais, les gants grenoblois entrent certes par contrebande, mais il faut attendre 1825 environ et la levée de la prohibition des gants français, remplacée par un droit d’entrée, pour que de véritables relations commerciales soient restaurées. Le phénomène est rapide : vers 1833, sur les 300 000 douzaines de paires de gants fabriquées à Grenoble, 90 000 sont exportées en Angleterre, soit près d’un tiers de la production totale. Dès lors, d’importantes maisons de commission, installées en Angleterre, envoient des commissionnaires sur la place grenobloise pour passer des commandes aux fabricants et effectuer des achats de gants. Ces individus dont le métier consistait à voyager entre des villes françaises et l’Angleterre, leur pays d’origine, se sont parfois installés à Grenoble au fil du XIXe siècle avec leur famille. Ensuite, dans la seconde moitié du siècle, quelques grandes maisons anglaises choisissent de fabriquer directement à Grenoble. Cet article permettra d’éclairer quelques aspects de cette présence anglaise largement oubliée.