Du fait de l’entrée des contemporains dans une société numérique à laquelle l’humain ne peut se soustraire, la question de la trace numérique occupe une place de plus en plus importante dans toutes les activités privées comme professionnelles. Notre profession de médecin praticien n’échappe pas à cette emprise du tout numérique ; ce qui nous préoccupe d’autant plus que, lorsque nous avons décidé d’exercer cette profession, nous avons souscrit au serment d’Hippocrate en ces termes : « Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux » [...] « Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés ». [...] « Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité » (Extraits du serment d’Hippocrate). Or, l’obligation numérique qui est faite aujourd’hui dans le domaine médical est susceptible de mettre le médecin en défaut par rapport à ce serment. C’est pourquoi nous avons décidé de nous soustraire pendant trois ans à notre activité médicale pour cerner ce à quoi notre formation en médecine ne nous avait pas préparé. Nous avons donc commencé à vouloir comprendre la logique informatique et plus précisément les traces dommageables pour l’humain qu’elles pouvaient engendrer.