Au regard de la crise écologique actuelle , le développement durable ou l’idée de « durabilité » semble ne pas avoir rempli les objectifs que les auteurs de cette notion s’étaient fixés lors du Sommet de Rio en 1992 . Pourtant prometteuse, la notion de développement durable était perçue à son origine comme porteur d’un projet nouveau , d’un espoir pour la protection de l’intérêt général de l’humanité , « une formule magique supposée concilier libre-échange, croissance économique et environnement » . Or, la contradiction inhérente au développement durable, mis en lumière dès son apparition, ne fut jamais totalement évacuée : « A Rio, certains pays ne parlaient que d’environnement ; alors que d’autres ne parlaient que de développement » . Un certain scepticisme, une méfiance envers une « écologie superficielle » , traduit l’échec de la notion de développement durable à remplir sa mission originelle de préservation de l’environnement pour devenir finalement un simple faire-valoir d’une croissance économique « douce », aussi appelée « croissance verte ». En d’autres termes, le développement l’emporte sur le durable. L’heure est à la multiplication des procédés techniques et innovations « low-tech » afin de limiter, atténuer ou amoindrir les effets néfastes de la croissance économique, mais sans jamais vouloir véritablement remettre en question son existence . Se pose alors la question de « quelle économie pour quel avenir ? » pour résister au constat selon lequel « nous sommes voués à produire, non seulement des biens, mais aussi de nouvelles servitudes » . La sobriété – du latin sobrietas – au sens de prudence, modération, tempérance ou frugalité, par opposition à la « durabilité » au sens d’une croissance verte comme unique horizon, doit permettre de penser une approche différente de la protection de l’environnement. Non plus seulement en imposant des limites à la consommation de ressources naturelles, mais en envisageant sérieusement la solution de leur non-utilisation . De manière générale, la sobriété devrait être entendue à travers une acception fonctionnelle, c’est-à-dire en sa capacité à modifier les comportements. A cet égard, il a pu être proposé la mise en place d’un « plafond environnemental et d’un plancher social » au sens d’un développement qualifié de « résilient » en ce qu’il permet d’embrasser l’ensemble des questions et notamment, celle des inégalités environnementales . Dès lors, l’idée de sobriété est-elle un nouveau concept qui permettrait de contourner les contradictions originelles inhérentes à la notion de développement durable ? Peut-elle conduire plus aisément à modifier les comportements en droit ?