Des niveaux de combustion préhistoriques sont régulièrement relevés, depuis plus de vingt ans, lors d’opérations archéologiques préventives menées dans la plaine de Limagne. Identifiés sur un peu plus de 10 km² au sein d’une ancienne zone humide, ils sont particulièrement repérables du fait de leur vive coloration rouge, qui contraste avec les formations pédo-sédimentaires sombres dans lesquelles ils apparaissent : les « terres noires » de Limagne. Si plusieurs interprétations assez divergentes ont déjà été proposées quant à leur origine (défrichements, événement catastrophique), ceux-ci n’avaient pas encore fait l’objet d’une caractérisation spécifique permettant d’élucider la nature des évènements ayant conduit à leur formation. Leur mise au jour dans un secteur où, d’une part, l’activité volcanique a été particulièrement intense durant le Tardiglaciaire et le début de l’Holocène (Raynal et al., 2003 ; Vernet & Raynal, 2008 ; Miallier et al., 2012 ; Vernet, 2013), et d’autre part, les premiers indices d’agriculture sont assez précoces à l’échelle régionale (Trément et al., 2006), invite à reprendre cette question. Nous présenterons dans cette communication une synthèse de la documentation géoarchéologique obtenue sur ces niveaux rubéfiés (morphologie, stratigraphie), ainsi que celle relative à leur contexte archéologique (carte archéologique micro-régionale) et paléoenvironnemental (séquence pollinique, diatomées). Ce travail est complété par une étude micromorphologique de lames minces de ces niveaux, ainsi que d’une caractérisation élémentaire (p-XRF), qui nous renseignent sur la composition et les processus de formation de ces traces rubéfiées. Ces résultats sont confrontés à la documentation actuelles et archivistique portant sur les produits des incendies naturels et agricoles. Cette démarche nous permet de proposer que ces vestiges sont originaire d’une pratique singulière : l’écobuage, une technique agricole procédant par la réalisation de fourneaux en terre, qui est d’un point de vue agronomique, particulièrement pertinente dans ce contexte (Sigaut, 1975). Cette interprétation nous semble la plus à même d’expliquer la singularité de ces niveaux rubéfiés, que nous considérons, en l’état de la recherche, comme les vestiges de paléosols agricoles écobués au cours du néolithique. Ces découvertes nous invitent à revoir en profondeur les modèles archéologiques et les considérations relatives aux agricultures anciennes.