L’écobuage, entendu au sens « classique », est une technique visant à préparer un terrain pour une culture, qui procède par l’édification de fourneaux en mottes de terre ou de gazons. Particulièrement adaptée au traitement des prairies et pâturages, la combustion prolongée et à couvert du sol et de la végétation permet conjointement d’éliminer les obstacles à la culture et de faire office d’amendement. Bien que cette façon culturale semble avoir été courante dans de nombreuses régions françaises, notamment durant les XVIII et XIXème s. (Sigaut, 1975), elle est souvent ignorée des travaux portant sur les agricultures anciennes. Les références aux emplois du feu en agriculture étant souvent restreintes au seul cas de l’abattis-brulis, technique antagoniste de l’écobuage, puisqu’elle consiste en un feu courant appliqué à un milieu boisé. Si la méconnaissance actuelle de cette technique complexe qu’est l’écobuage peut trouver plusieurs explications, la rareté de la documentation historique illustrant son emploi a également put en être un facteur. La représentation en arrière-plan du célèbre tableau L’homme à la houe (vers 1860–1862) de Jean-François Millet (1814-1875), « pilier » de l’école des peintres réalistes de Barbizon (Bouret, 1972), d’un terrain d’où s’échappent plusieurs colonnes de fumée, a retenu notre attention. Les spécificités de cette scène seront décrites et confrontées aux connaissances sur les emplois agricoles du feu, et a plusieurs éléments paysagers contextuels de la plaine de Barbizon (Seine-et-Marne). Nous faisons l’hypothèse que ces indices discrets pourraient constituer un des rares témoignages artistiques historique de l’écobuage, cela, à une époque où cette pratique inspirait déjà une animosité récurrente chez ces contemporains.