Depuis une vingtaine d’années, les décideurs publics vantent les atouts des secteurs culturels et créatifs pour redynamiser les centres urbains. Dans les discours politiques, la créativité est souvent considérée comme une nouvelle « baguette magique » censée transformer rapidement une ville en proie aux crises en un territoire résilient. Cette résilience se définit notamment à travers la capacité d’une ville à attirer mais aussi et surtout à retenir de nouveaux acteurs économiques (entreprises, start-up, travailleurs…) et/ou territoriaux (nouveaux résidents, nouveaux touristes…). De fait, la notion d’attractivité territoriale semble de plus en plus liée à la mise en œuvre de politiques culturelles et créatives. En ce sens, le cas spécifique de Marseille est particulièrement éloquent. Si la ville est considérée comme une véritable porte entre l’Orient et l'Occident grâce au dynamisme de son complexe industrialo-portuaire jusqu’à la fin des années 1960, sa situation socio-économique va rapidement se détériorer au gré de multiples crises (chocs pétroliers des années 1970, crises sociales, problèmes structurels…). Au début des années 2000, la deuxième ville de France en nombre d’habitants souffre toujours d’une mauvaise image accentuée par un taux de chômage élevé et une situation socio-spatiale particulièrement dégradée (forte dichotomie entre les quartiers nord et sud, problèmes d’infrastructures, logements dégradés, insalubrité, engorgement routier…). Face à ces lourds constats, les décideurs politiques alors en exercice souhaitent amorcer la résilience du territoire pour le rendre plus attractif en pariant sur un secteur clé, celui de la culture. De ce point de vue et jusqu’au milieu des années 2000, la cité phocéenne reste largement en retard surtout lorsqu'on la compare à d'autres villes de Province telles que Lyon, Nantes, Toulouse ou Bordeaux. Malgré un cadre de vie souvent considéré comme plaisant et agréable, Marseille souffre de la faiblesse de ses infrastructures culturelles qui affecte la qualité de vie générale. Toutefois, cette situation et ce profil culturel handicapant, n'empêchent pas les décideurs politiques marseillais de candidater pour l'obtention du titre de « capitale européenne de la culture » à partir de 2004. Dès lors, plusieurs stratégies liées à la culture et à la créativité vont être mises en place dans le but d'attirer et de retenir de nouveaux usagers (résidents, touristes, investisseurs) afin de redorer l'image de la plus vieille ville française. L'ensemble des politiques et discours adoptés en faveur de la culture vont s'accompagner de profonds changements territoriaux. Ces derniers contribuent à l'évolution du profil culturel de la ville, à tel point qu'en 2008, le territoire Marseille-Provence est choisi pour organiser l'année « capitale européenne de la culture 2013. » Ces transformations multiples posent alors un certain nombre de questions : -L’attractivité culturelle constitue-t-elle une nécessité justifiant à ce point la « métamorphose » de la ville ? -Par qui et pour qui sont effectués les grands changements territoriaux au cœur de Marseille ? -Les politiques censées améliorer la qualité de vie marseillaise ne masquent-elles pas d’importantes limites socio-spatiales ? Finalement, cette communication montre comment la ville de Marseille est passée du statut de ville en crise à celui de "capitale européenne de la culture 2013", en mobilisant des stratégies attractives très spécifiques.