À l’origine développés pour des applications hautement techniques dans l’aéronautique et le spatial, l’usage des composites à renfort carbone et matrice thermodurcissable s’élargit depuis plusieurs années aux industries de l’automobile et des sports et loisirs. Toutefois, le choix du composite dépend parfois moins de ses performances techniques, que de critères esthétiques ou de l’image de haute technicité qu’il véhicule. Il en résulte ainsi un surdimensionnement des propriétés des constituants (en particulier, de la fibre de carbone) par rapport à la fonction du produit. En outre du point de vue environnemental, il a été montré que dans la mise en œuvre du composite, c’est la production de la fibre de carbone qui est la plus impactante. Une réponse économique et environnementale à ces inadéquations consiste donc à viabiliser le développement de composites à renfort recyclé. Ainsi le recyclage du composite en fin de vie, même limité à la seule récupération des fibres, pourrait permettre de diminuer certains impacts anthropiques en réduisant les matières premières nécessaires à sa production (produits pétroliers essentiellement). En outre, ce recyclage du renfort peut être élargi aux déchets de production (fibres ou prépregs inutilisés, chutes de pièces composites, etc.). Les concepteurs seraient alors à même d’équilibrer coût et efficacité énergétique par la production de matériaux dits de seconde génération (p. ex. destinés d’abord à des pièces non-structurelles). Toutefois, viabiliser cette filière de recyclage nécessite de palier les réticences des utilisateurs en les assurant de ses bienfondés technique, économique, environnemental et législatif. Ainsi, après avoir rappelé ces différents contextes, le recyclage des composite par solvolyse de la matrice par de l’eau en conditions supercritiques, ainsi que la mise en œuvre de semi-produits de seconde génération attractifs, seront présentés. Un premier bilan économique et environnemental de cette filière sera enfin dressé.