Dans une note récente publiée par l’Institut de l’entreprise, Jean-Christophe Fromantin, un chef d’entreprise devenu député-maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Yves Sénard, président du groupe Michelin, et Olivier Costa, chercheur au CNRS, reprennent à leur compte le constat d’une crise de la représentation politique et du recrutement du personnel politique liée à la professionnalisation politique et à la « faible représentativité socio-professionnelle» des dirigeants. Ils proposent alors de « déprofessionnaliser la politique » en favorisant l’accès aux mandats électifs d’individus issus du privé, ou plutôt des catégories supérieures ou dirigeantes du secteur privé. Cette proposition, qui emprunte au discours du Medef tendant à réduire la « société civile » au patronat, a tout d’une solution trop simple (et située) à un problème complexe. Si la question de la représentativité des responsables politiques se pose, celle des conflits d’intérêts doit l’être également. Bien sûr, c’est la justice qui décide de l’existence ou non de conflits d’intérêts. Mais la sociologie peut, quant à elle, informer sur les affinités électives entre représentants politiques et mondes économiques et sur les échanges qui peuvent se produire entre ces deux univers supposés séparés. Dans quelle mesure les dirigeants politiques français ont-ils eu des expériences dans le secteur privé ? Se reconvertissent-ils dans le monde des affaires une fois leur carrière politique achevée, à l’image d’une partie des membres du Congrès des États-Unis?