Hein ! Voyez comme je m’exprime avec facilité ! Esprit, bêtise et classes sociales dans l’univers balzacien : l’exemple de «La Vieille Fille»
Résumé
« Hein ! Voyez comme je m’exprime avec facilité ! » pérore Crevel qui, en soulignant sa propre verve, fait preuve d’un mauvais goût bourgeois. Ephémère et instable, l’esprit est aussi un marqueur social dans le monde de la « Comédie humaine » balzacienne. Prétendre imposer son esprit, c’est asseoir sa conquête sociale pour le bourgeois parvenu Crevel dans « La Cousine Bette » ; montrer que cette prétention bourgeoise ne peut être qu’une ridicule chimère, c’est conserver son statut d’aristocrate pour Mme de Maufrigneuse dans « Splendeurs et misères des courtisanes » ; monnayer cette faculté en se « mett[ant] à table et fai[sant] de l’esprit », c’est tenter une ascension sociale pour l’ambitieux Lucien, le héros d’« Illusions Perdues ».
Les oppositions spirituelles entre les personnages recoupent des oppositions sociales. C’est ainsi que nous prétendons étudier l’esprit dans « La Vieille Fille ». Il s’agit de voir comment l’esprit devient la manifestation langagière d’une tension sociale de la société du début XIXe siècle, telle qu’elle est peinte par Balzac, dans un rapport complexe entre tradition et modernité.
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