Violence insurrectionaliste et violence défensive : comprendre l’usage de la violence politique de l’extrême gauche italienne dans les années 1960-1980
Résumé
Italy in the 1960s and 1980s experienced a remarkable wave of political violence involving the extreme right, the extreme left and the State. In order to highlight the mechanisms accompanying the emergence of this type of phenomenon and the way in which the violence actors relate to it, we conducted a qualitative sociological survey of 33 extra-parliamentary left-wing activists from this period. In opposition to the researches done so far on the topic (Bosi and Della Porta, 2012; Della Porta, 2013; Sommier, 1992), we will show the need to include the pragmatic interpretation of political violence in its politico-ideological paradigm and to propose a critical reading of the temporal evolution of these patterns according to the generations of activists encountered, in the sense, for example, that the paradigm of defensive violence does not intervene in the “escalation” phase of the conflict but from its origin. We will also highlight the role of the perception of a closure of political opportunities in the mechanisms of production of violence within the most militarized political groups rather than in the broader social movement.
L’Italie des années 1960-1980 a connu une vague de violence politique remarquable impliquant l’extrême droite, l’extrême gauche, l’État. Afin de mettre en évidence les mécanismes qui accompagnent l’émergence de ce type de phénomènes et la façon dont les acteurs de la gauche extra-parlementaire qui la mettent en œuvre s’y rapportent, nous avons mené une enquête de sociologie qualitative auprès de 33 militants de cette période. À rebours des travaux jusqu’alors réalisés sur l’Italie (Bosi et Della Porta, 2012 ; Della Porta, 2013 ; Sommier, 1992), nous montrerons la nécessité de subsumer l’interprétation pragmatiste de la violence politique dans sa lecture politico-idéologique et proposerons une lecture critique de l’évolution temporelle de ces schémas selon les générations de militants rencontrés, en ce sens par exemple que le rapport défensif à la violence n’intervient pas dans la phase d’« escalade » du conflit mais dès son origine. Nous soulignerons également le rôle de la perception d’une clôture des opportunités politiques dans les mécanismes de production de la violence au sein des groupes militants les plus militarisés plutôt que dans le mouvement social plus largement.
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