Mots-clés : Mesure indirect ; Réussite scolaire ; Jugement de soi La réussite scolaire des enfants est en partie déterminée par leurs compétences réelles, mais dépend aussi d’autres facteurs (Hattie, 2008). Ainsi, il a été montré que les croyances que les élèves ont sur leurs capacités impactent leur potentiel de réussite (Pajares & Schunk, 2001). Dès lors, évaluer et mesurer la manière dont les élèves se jugent apparait crucial pour mieux comprendre le lien entre croyances sur soi et performances scolaires. Pour accéder aux représentations stockées en mémoire que les élèves ont sur eux-mêmes, les mesures directes (i.e. questionnaires explicites) semblent insuffisantes (Gawronski, 2014). Il apparait nécessaire d’utiliser des mesures indirectes afin de mettre en évidence ces associations existant en mémoire (Greenwald et al., 2002). Dans cette perspective, l’objectif de la présente étude était de mettre au point une tâche d’amorçage sémantique adaptée aux enfants, pour mesurer leur jugement de soi. Basé sur le principe de la tâche de décision lexicale, ce paradigme nous a permis d’évaluer la manière dont les élèves s’associaient à la compétence et à la chaleur, deux dimensions fondamentales du jugement de soi (Abele & Wojciszke, 2018). Afin de mettre en relation le poids respectif de ces dimensions sur la réussite scolaire, nous avons comparé le jugement de soi, avec et sans activation préalable du contexte scolaire. Les mesures de performance (temps de réaction) obtenues à cette tâche ont été mises en lien avec les résultats scolaires des élèves : rang dans la classe et moyenne générale. Soixante élèves du même collège ont participé à l’étude. Lors des analyses, ils ont été répartis en deux groupes en fonction de leur rang (rang élevé vs. rang faible). Les résultats indiquent que les élèves de rang faible s’associent positivement à la compétence en l’absence d’activation du contexte scolaire (p =.004). En revanche, ils s’associent négativement à cette dimension en contexte scolaire (p = .04). Cet effet du contexte n’apparait pas chez les élèves de rang élevé. De manière intéressante, les résultats n’ont montré aucun lien entre les temps de réaction à la tâche d’amorçage et la moyenne générale des élèves. Ceci suggère que le jugement que les élèves portent sur eux-mêmes est moins lié à leurs notes objectives qu’à leur classement par rapport aux autres. Accéder aux associations en mémoire que les élèves élaborent de façon automatique permet mieux comprendre comment l’école, et ses attentes, influencent la manière dont les enfants se pensent capables de réussir.