Les 55 jours d’Aldo Moro
Résumé
L’article interroge le choix, de la part d’un musée d’art contemporain (le MAXXI de Rome), d’appeler des artistes à se laisser inspirer par un événement historique et politique relativement récent (le kidnapping meurtrier de Aldo Moro). Un choix n’étant jamais innocent, l’article met en lumière l’interprétation historique et politique dans les œuvres exposées : 3,24 mq de Francesco Arena, Il processo de Rossella Biscotti, J&B et Varietà de Flavio Favelli. La réalisation de Arena demeure fort ambiguë dans le contexte de l’exposition, qui ne permet guère de saisir les enjeux conceptuels qui caractérisent son art, alors que celle de Biscotti prend nettement position en faisant ressortir les limites d’une interprétation historique conventionnelle ou institutionnelle, en montrant la fragmentation du réel. Les œuvres de Favelli, enfin, introduisent la question des points de vues et du changement de perspective, aboutissant à un déplacement qui ne rend pas possible de bien focaliser ce qui est arrivé. Le regard d’un artiste est certainement différent de celui de l’historien, mais n’étant pas pour autant hors du temps et de ses articulations, sa perspective tangente et libre permet des réflexions et d’observations qui auraient été autrement inaccessibles.