Depuis la Table Ronde de Motz (2001) sur les variations paléohydrologiques en France au cours des 15 derniers millénaires dans le cadre du programme CNRS « Environnement, vie et sociétés » (PEVS, 1999-2002), les fenêtres d’observation en contexte fluviatile se sont multipliées. Permises par l’essor de l’archéologie préventive, elles ont sensiblement renouvelé le modèle canonique de l’évolution hydro-sédimentaire et paysagère des vallées françaises (Rhône, Loire, Seine) à des échelles spatiales (du gisement archéologique au système fluvial) et temporelles variées (de l’évènement hydrologique et historique à l’Holocène). Toutefois, les synthèses produites pour le bassin de la Seine ne concernent que quelques grandes vallées (Marne, Oise, Yonne) et certaines zones de confluence (Seine-Eure-Andelle, Seine-Oise, Aisne-Oise, Seine-Marne). Ces portions de territoire sont marquées par l’apparente richesse, diversité et bonne conservation des témoins matériels de la présence de groupes culturels et semblent jouer un rôle majeur dans la formation et la structuration des réseaux de peuplement dès le Néolithique. Cette contribution se propose d’examiner les rythmes et les modalités de construction des paysages culturels holocènes du bassin de la Seine en s’appuyant conjointement sur les archives sédimentaires fluviatiles et les vestiges archéologiques. Ces marqueurs sont employés au fil du propos comme « fossiles directeurs », mémoire fragmentaire d’une réalité passée, permettant de caler chronologiquement le déroulement d’une trajectoire socio-environnementale plurimillénaire. Cette lecture historiographique s’avère primordiale afin de poser les fondements de la démarche réflexive, théorique et conceptuelle, du Programme Collectif de Recherche « Vallée de l’Eure : une Rivière, des Territoires », vallée périurbaine affluente du continuum séquanien et espace archéologique clé de l’ouest du Bassin de Paris resté en marge des développements récents de la recherche fondamentale.