Résumé - version courte : L’histoire des relations entre l’Université de Grenoble et le Muséum est faite de rivalités et de saines collaborations. Le Cabinet d’histoire naturelle, ancêtre du Muséum, est né en 1773 pour pallier l’absence d’université scientifique à Grenoble. Les relations du Muséum avec l’Université sont houleuses à l’installation de celle-ci au XIXe siècle, chaque institution campant sur ses prérogatives, le Muséum rappelant son antériorité dans l’histoire des institutions scientifiques grenobloises, l’Université arguant de ses missions nouvelles. La fin du XXe siècle va les rapprocher avec le travail de collaboration que vont entreprendre conservateurs et enseignants-chercheurs pour l’enrichissement, la complétude des collections du Muséum et le démarrage des travaux sur leur histoire. Résumé - version longue : L’histoire des relations entre l’Université de Grenoble et le Muséum est faite de rivalités et de saines collaborations. Le Cabinet d’histoire naturelle, ancêtre de l’actuel Muséum, est né en 1773 de la volonté seule des Grenoblois de se doter d’une institution scientifique, répondant ainsi à l’absence d’université scientifique à Grenoble. Ce caractère d’autonomie inscrit dans les origines mêmes de l’institution muséale va surgir au moindre conflit entre le Muséum et l’Université. A cela s’ajoutera pour le Muséum la fierté d’avoir compté parmi ses fondateurs et ses pionniers de grands noms : des personnages de l’entourage de Stendhal, le botaniste Dominique Villars à la renommée internationale, puis, à la génération suivante, les frères Champollion, eux-mêmes gardes du cabinet. Si quelques cours seront effectivement donnés au cabinet d’histoire naturelle par son premier garde dès sa création et ce jusqu’en 1807, c’est essentiellement au Jardin botanique de Grenoble qu’un enseignement sera dispensé, dans la plus pure tradition rousseauiste, jusqu’en 1847. Les conflits naissent à partir de 1830 avec l’installation de la toute jeune Faculté des sciences et la répartition des missions entre les institutions, à Grenoble comme dans les autres universités françaises : à l’Université l’enseignement et la délivrance de diplômes, au Muséum les collections et leur conservation. On assiste cependant à Grenoble, autour de la personnalité du conservateur Hippolyte Bouteille (1805-1881), à une certaine perméabilité entre les deux institutions, à une tendance au glissement des collections du Muséum vers l’Université, le conservateur visant avant toute chose un poste de professeur à l’Université. Les conflits vont durer jusque dans les années 1850. Ce sont alors trois maires de Grenoble (tous de tendances différentes), très jaloux de leur Muséum, qui vont en prendre la défense : Artus Copin de Miribel, Hugues Berriat et Frédéric Taulier. Le minéralogiste Emile Gueymard, à la fois doyen de la Faculté des Sciences en 1846 et ancien collaborateur au Cabinet minéralogique apaisera les tensions en faisant le choix de céder sa magnifique collection minéralogique du Dauphiné et des Alpes au Cabinet, optant pour la transformation de l’institution muséale en un muséum : le Muséum de Grenoble était né. A la fin du XXe siècle, avec la fonction d’animation et de valorisation des collections, de nouveaux liens se tissent entre conservateurs et enseignants-chercheurs. On assiste alors à Grenoble, autour des collections du chirurgien de marine Louis Arnoux (1814-1867) et de son voyage de circumnavigation et d’exploration dans le Pacifique Sud, au don par l’Université de ses collections océaniennes ornithologiques qui viennent ainsi compléter au Muséum de Grenoble les collections ethnographiques du navigateur.