À propos de l'Autre dans les politiques publiques : sans papiers à Paris. Poser la question de l'accueil et de la place qui sont fait aux migrant.es dans notre société... De manière pragmatique, à travers des interactions situées, en reprenant des moments de l'ethnographie de longue durée que j'ai menée auprès d'étrangères et d'étrangers sans papiers qui agissent pour la régularisation de leur situation administrative. Dans ce contexte, je considère l'administration préfectorale comme un lieu d'expression, de mise en pratique, d'exercice des politiques publiques concernant les étrangères et étrangers immigré.es. Du Centre de Réception des Étrangers à la Salle Séjour Afrique-Maghreb, la Sous-Direction de l'Administration des Étrangers accueillent dans différents espaces celles et ceux qui demandent « des papiers » et les soumet à des exercices de présentation de soi, de son histoire, de sa parenté, de ses liens privés et de ses relations sociales. Au cours de la procédure de régularisation, elles et ils sont tour à tour des « étrangers », des « usagers », identifié.es par des numéros, par des codes, par des appellatifs. Elles et ils sont nommé.es, désigné.es, interpellé.es, remis et remises « à leur place ». Sous la pression d'une double injonction contradictoire, elles et ils sont sommé.es de prouver leur intégration, pour obtenir (pour « mériter ») d'être intégré.es par la loi et la réglementation. Je montrerai comment l'Autre est ainsi, dans une forme de traitement politique, maintenu dans le sillage de sa « condition migrante » (notion travaillée par Étienne Tassin après Hannah Harendt).