Sur les flancs de l’Obiou (2 789 m) dans le massif du Dévoluy (Hautes-Alpes et Isère, France), une découverte fortuite a été réalisée : celle de galets cristallins affleurant, depuis un terrier de marmottes, au beau milieu d’un éboulis calcaire. La prospection de plusieurs cavités environnantes a mis au jour la présence d’alluvions cristallins allochtones sous forme de conglomérats, sables et argiles constituant une série de remplissages endokarstiques. Du point de vue pétrographique, le spectre compte notamment des granites, orthogneiss, gneiss divers, migmatites, gneiss amphiboliques, roches volcaniques basiques, mais aussi des grès, et même des calcaires gréseux à nummulites. D’après cette pétrographie, la provenance de ces alluvions se situe dans le S-O du massif des Écrins (Champsaur et Valgaudemar), une zone des massifs cristallins externes actuellement drainée par le Drac, lequel s’écoule à environ 1 600 m en contrebas des cavités étudiées. Nous avons tenté de déterminer la durée de l’enfouissement de ces alluvions en utilisant des nucléides cosmogéniques produits in situ (10Be, 26Al, 21Ne). Du fait de la faible teneur en 26Al en deçà de la limite de détection, les âges d’enfouissement seraient supérieurs à 5 Ma. Pour un échantillon dont la teneur en 21Ne a été mesurée, le rapport 10Be/21Ne permet une estimation de la durée d’enfouissement aux alentours de 15,6 ± 3,8 Ma, donnant un âge miocène. Au regard de ces âges, les cavités de l’Obiou doivent être considérées comme un niveau repère traduisant la position d’un ancien réseau hydrographique du « paléo-Drac » au Miocène moyen. Des analyses complémentaires de 21Ne couplées au 10Be sont actuellement entreprises pour préciser l’âge d’enfouissement de ces alluvions afin de parvenir à mieux contraindre les taux d’incision et de soulèvement de ce secteur des Alpes françaises.