« Inspirations méditerranéennes » est le titre que Paul Valéry donna à la conférence qu’il prononça à l’Université des Annales le 24 novembre 1933, conférence qui fut ensuite publiée dans la revue Conférencia le 15 février 1934 puis intégrée dans Variété IIII en 1936. Le titre de Valéry a été repris, avec son accord, pour un recueil d’essais de Jean Grenier qui fut le professeur de philosophie de Camus à Alger avant de devenir son ami. Dans le sillage de Valéry, Audisio, Grenier et Camus illustrent l’affirmation d’Erik Orsenna dans un ouvrage récent consacré à La Fontaine : « La géographie vous façonne l’âme au moins autant que la génétique. C’est par le regard que votre forme vous est donnée ». Il s’agira donc d’étudier la manière dont se manifeste dans leurs œuvres respectives la conviction que les expériences sensibles procurées par la Méditerranée déterminent un rapport au monde qui vient nourrir leur réflexion sur l’héritage antique et la manière dont celui-ci peut éclairer le présent. Par ses paysages et ses monuments, comme par sa littérature et ses mythes, la Méditerranée enseigne à celui qui veut bien se mettre à son écoute « la difficile science de vivre » (Camus) et « le paisible héroïsme de rester à la mesure d’un univers parfaitement humain » (Audisio). Elle « rend la vérité inséparable du bonheur » (Grenier). La Méditerranée inspire donc une pensée incarnée qui conduit ces écrivains à opter pour le genre de l’essai dont Adorno affirme que « le bonheur et le jeu lui sont essentiels ».