Robespierre et Louis Blanc ont tous deux théorisé, à un demi-siècle de distance, le pouvoir de révocation populaire comme le moyen par excellence de lutter contre le risque d'usurpation de la souveraineté par les représentants. Pourtant, l'étude des discours de Robespierre et des textes de Louis Blanc révèle qu'au-delà des formules emphatiques ni l'un ni l'autre n'a fourni la moindre piste quant aux modalités concrètes de mise en oeuvre d'une telle révocation. Se révèle ainsi une difficulté nodale de la théorie constitutionnelle jacobine: la révocation populaire des élus ne vaudrait en réalité, chez Robespierre comme chez Louis Blanc, que dans une société déjà révolutionnée par les principes jacobins, d'où toute conflictualité fondamentale aurait disparu. Mais dans les conditions sociales réelles, la révocation populaire des élus constituerait une menace pour le parti révolutionnaire. Cette procédure demeure ainsi introuvable chez ces deux figures du jacobinisme.