Christine philosophe
Résumé
Christine de Suède (1626-1689) est très souvent considérée par ses contemporains comme une (et même « un » !) philosophe, une reine – avant et après son abdication spectaculaire –, « philosophe ». Elle même ne dément pas cette qualité : non seulement elle s’entoure de lettrés qui se définissent eux-mêmes, ou que l’on définit comme des philosophes, mais elle revendique souvent le fait de parler et agir en philosophe. Le présent texte a pour but l’investigation de ce, ou plutôt de ces portraits et autoportraits de la reine Christine en philosophe, alors même que la souveraine n’a pas produit à véritablement parler une œuvre philosophique. C’est que pour elle et bien de ses contemporains, être philosophe consiste d’abord à adopter un modèle de vie philosophique. C’est à ce titre qu’elle souscrit à un idéal de vertu héroïque, qui associe la réflexivité et distanciation philosophique à une exaltation des grandes actions des héros de l’antiquité (notamment à travers l’exaltation de la figure d’Alexandre le grand). Mais elle va beaucoup plus loin : les témoignages à charge et à décharge, ainsi que ses propres écrits (peu nombreux et tardifs), nous permettent d’accéder aux linéaments d’une démarche et d’un parcours philosophique conséquent : la reine en effet, nourrie par la pensée critique des « libertins » dont elle s’entoure, semble avoir adhéré à un déisme philosophique éclectique mais radical, et évolué ensuite dans l’adhésion à une version, non moins radicale et hétérodoxe de quiétisme dans ses années romaines, itinéraire dont un texte surprenant de Leibnitz permet de saisir la profondeur et la cohérence.
Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
---|