Violence. Réflexions sur la guerre à travers l'oeuvre d'Adel Abdessemed De façon quasi unanime, les créations de l'artiste Adel Abdessemed sont déclarées violentes. Certaines vidéos, Printemps, par exemple, prêtent à confusion entre violence désignée et violence exercée. Mais l'artiste dit et redit : « Ce n'est pas moi qui suis violent, c'est le monde». Selon une intuition raisonnable et ce qu'il glisse parfois lors d'entretiens, nous pouvons penser que cette concentration de son art sur la violence est la conséquence d'une exposition hors du commun à celle-ci. Adel Abdessemed est né en 1971 à Constantine, soit 9 ans après l'indépendance de l'Algérie. Son enfance se déroule à Batna dans le pays Chaoui, dont la population, comme en Kabylie, est berbère, ce qui signifie d'emblée une dissidence par rapport au parti unique instauré jusqu'en 1989 par le Front de Libération nationale qui gouverne l'Algérie. En octobre 1988, des émeutes dues à une économie catastrophique et au chômage sont durement réprimées, mais amènent une démocratisation avec la fin du parti unique. Les émeutes ont bénéficié au Front Islamique du Salut qui est légalisé en 1989, et qui l'emporte aux élections. A partir de ce moment, les oppositions tournent à la confrontation sanglante entre le FIS et les autres partis. La situation sombre dans le chaos avec des groupes armés dont le GIS qui s'attaque aux écrivains, chanteurs, intellectuels, journalistes. Depuis 1990, Abdessemed est aux Beaux-Arts d'Alger. Son directeur, Ahmed Hasselah, « connu pour ses prises de position en faveur de la démocratie et pour sa résistance à l'intégrisme » est assassiné le 5 mars 1994, comme son fils de 22 ans, étudiant de l'Ecole, tous deux sur place. Le 9 septembre 1994, Adel Abdessemed réussit à venir en France : il s'inscrit à l'Ecole d'art de Lyon où il reste jusqu'en 1998. Quelques-unes des premières oeuvres faites à l'Ecole sont explicites de la violence récemment vécue. Après son diplôme, il réside à Paris à la Cité Internationale puis obtient une bourse pour aller à New York au P.