Les scripteurs apprenants doivent gérer simultanément des contraintes d’ordre cognitif et linguistique, certaines explicites comme les consignes scolaires et d’autres implicites telles les caractéristiques génériques du texte à produire. En raison de la complexité des processus rédactionnels, il apparait que la maitrise de patrons joue un rôle considérable dans l’expertise rédactionnelle, et tout particulièrement l’identification des genres. L’intérêt des dispositifs proposant des textes ressources aux élèves a été démontré par plusieurs recherches. Notre communication s’intéresse aux effets provoqués par la lecture de textes littéraires en dehors de toute consigne explicite de réinvestissement et de construction d’un genre. Si les textes supports peuvent fournir un substrat diégétique et langagier pouvant nourrir les écrits, ils s’imposent aussi comme un paramètre supplémentaire de la production qui crée une tension entre recherche de singularité et tentation de s’approprier le déjà-là littéraire. Comment les élèves gèrent-ils la contrainte liée à la mise à disposition de textes sources et comment ceux-ci leur permettent-ils de construire un genre ? Après avoir défini les caractéristiques du genre de la robinsonnade, nous présentons l’analyse de 75 récits produits par 51 élèves de CM2, laquelle montre des comportements scripturaux très contrastés. Une première tendance concerne des scripteurs qui ne réinvestissent pas les textes fournis. Une seconde tendance met en évidence des phénomènes de reformulation. Cependant, les textes produits n’entrent pas dans le cadre générique considéré. Soit les données informationnelles sont amalgamées sans congruence avec l’univers référentiel. Soit les élèves, au cours de la narration, s’éloignent du genre. Enfin, une troisième tendance regroupe des scripteurs qui s’auto-imposent la récupération de matériaux langagiers et la construction du genre en donnant plus ou moins au lecteur tous les éléments pour lui permettre de pénétrer l’univers de la robinsonnade.