L'exposition à une menace collective implique généralement une augmentation des préjugés et de la discrimination intergroupe. (Nugier et al., 2016) ont montré que le contexte culturel français peut induire une diminution de cette discrimination dans le cas d'une attaque terroriste. Pour proposer des explications sur les éléments culturels menant à une augmentation ou une diminution de la discrimination, nous avons développé un modèle informatique de l'évolution d'une population confrontée à une menace collective (Mason, Conrey, & Smith, 2007). Ce modèle s'inspire de la littérature sur la menace intergroupe et le contexte culturel (Riek, Mania, & Gaertner, 2006) (Greenberg & Kosloff, 2008) et de celle relative aux modèles de dynamiques d'opinion classiques (Flache et al., 2017). Empiriquement, il s'appuie sur les données de deux enquêtes réalisées en France, immédiatement avant et après, les attaques terroristes meurtrières de janvier 2015 à Paris (Guimond & colleagues, 2017). Il postule que les agents ont une vision du monde composite personnelle fondée sur l'adhésion ou le rejet plus ou moins fort à certaines visions culturelles du monde, par exemple chrétienne, musulmane ou athée, et sur une tolérance plus ou moins grande envers ceux qui ne partagent pas leur vision. Les proximités et différences entre ces visions du monde déterminent l'estime que les agents se portent les uns aux autres. Une menace collective est la diffusion par des agents agresseurs de leur vision extrémiste et intolérante. Ces agresseurs adhérent fortement à une vision extrême de leur culture, par exemple musulmane, et rejettent totalement tout agent ne partageant pas leur vision et/ou soutenant d'autres culture. Le niveau de menace est évalué par un agent en estimant ce que l'agresseur pense de lui. La menace est jugée d'autant plus forte que l'opinion estimée est négative. La force de cette menace implique une réduction par l'agent de sa tolérance pour des visions proches ou similaires de celle de l'agresseur. Les premières analyses du comportement dynamique du modèle d'agents virtuels montrent qu'il peut reproduire tant l'augmentation que la diminution des préjugés intergroupes. La nature de l'évolution dépend des caractéristiques culturelles des agents virtuels composant les groupes.